La Messe de Requiem de André CAMPRA

Cette Messe de Requiem est un chef-d’œuvre trop peu connu de la musique baroque française. La date de composition en est discutée, mais serait postérieure à 1723.

Contrairement à beaucoup de ceux qui suivront, à commencer par celui de Mozart, ce Requiem n’est pas une oeuvre sombre. Elle n’illustre ni la crainte de la mort, ni celles du Jugement Dernier et des peines éternelles ; d’ailleurs, elle ne contient pas de Dies Irae. Campra y exprime une conception apaisée de la mort et du destin de l’âme, en mettant l’accent sur l’espérance de la lumière éternelle. Cette atmosphère particulière se retrouvera dans d’autres Requiem français composés au XX° siècle par Gabriel Fauré, Maurice Duruflé ou Alfred Désenclos.

Les voix sont divisées en solistes, petit chœur et grand chœur à cinq voix (soprano, alto, ténor, baryton et basse) ; ces groupes alternent souvent et se répondent même au sein d’un même mouvement. L’instrumentation repose sur les flûtes, les cordes et une basse-continue.

L’œuvre compte sept mouvements :

  • Introït
  • Kyrie
  • Graduel
  • Offertoire
  • Sanctus
  • Agnus Dei
  • Post Communion

André CAMPRA

André CAMPRA (Aix-en-Provence, 1660 – Versailles, 1744) est un compositeur français chronologiquement situé entre Lully et Rameau, et qui a qui a participé au renouveau de l’opéra français. Il fut au faîte de sa gloire sous la Régence de Philippe d’Orléans (période qui court de 1715 à 1723, entre la mort de Louis XIV et l’accession au trône de Louis XV).

Après avoir été formé dans sa ville natale, il travaille dans le midi de la France (Toulon, Arles et Toulouse), avant d’être appelé en 1694 à Paris. Il occupe diverses fonctions prestigieuses à l’Académie royale de musique (qui deviendra l’Opéra de Paris) et se consacre alors à la composition d’opéras-ballets (il fut même l’inventeur du genre, avec L’Europe galante en 1697) et de tragédies lyriques : Hésione, Tancrède, Iphigénie en Tauride, Camille reine des Volsques… qui connaissent un vif succès. Nommé en 1723 à la Chapelle royale, il écrit alors essentiellement des partitions religieuses : certains de ses grands motets sont restés célèbres, en particulier son Requiem.

Messe des morts ou Requiem

On a pris l’habitude de désigner une Messe des morts par les premiers mots de son Introït (Introduction) :Requiem æternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis : Donne-leur, Seigneur, le repos éternel, et que la lumière éternelle brille pour eux.

La Messe des morts a été élaborée au cours du Moyen Âge : elle comporte, outre cet Introït, des textes qui lui sont propres (comme les poèmes du Dies Irae ou du Libera me) et elle omet le Gloria et le Credo des messes habituelles. Les textes du Requiem furent longtemps chantés en grégorien. Les premières versions polyphoniques seraient dues, au XV° siècle, à Guillaume Dufay (oeuvre perdue) et à Johannes Ockeghem, et au XVI° siècle à Eustache du Caurroy. Ce n’est qu’à la toute fin du XVII° siècle et au XVIII° siècle, avec Marc-Antoine Charpentier, André Campra et Jean Gilles en France, Giovanni Battista Bassani en Italie notamment, que l’on voit apparaître une floraison de Messes des morts beaucoup plus étoffées et solennelles. À ces musiques composées pour les funérailles de grands personnages, il convient d’ajouter la célèbre Music for the funerals of Queen Mary (1695) de Henry Purcell en Angleterre.

À ce jour plus de deux mille Requiem ont été composés.

Aux XVIII° et XIX° siècles, des compositeurs ont écrit des Requiem si longs ou utilisant tant de musiciens qu’ils ne pouvaient pas être joués pendant un service funèbre normal ; ainsi, les Requiem de Gossec, Berlioz, Verdi ou Dvořák sont de fait des oratorios.