Music for the funerals of queen Mary de Henry Purcell

Henry Purcell (1659 – 1695)

Henry Purcell compte parmi les plus grands compositeurs anglais. Musicien complet, il s’est vu confier le poste d’organiste de la Chapelle de l’Abbaye de Westminster de ses vingt-deux ans à sa mort. Compositeur novateur, il a développé un style baroque anglais particulier en associant le patrimoine de la musique anglaise de l’âge d’or (Byrd, Gibbons…) et les avancées novatrices des styles baroques français (Lully…) et italiens (Corelli…). L’un des premiers maîtres de la modulation, il s’amuse avec les modes mineur et majeur, avec la basse obstinée nouvellement apparue, les dissonances sans résolution, inspiré par une ligne mélodique inventive, personnelle, émouvante et aussi surprenante. Dans le domaine vocal, Purcell possède le génie de la langue anglaise. Au cours de sa courte vie (il meurt à trente-six ans) il a fait preuve d’une étonnante activité, et sa production variée et abondante (environ 800 oeuvres) aborde tous les genres : Son oeuvre la plus connue, Didon et Énée, est le premier opéra de l’histoire de la musique anglaise, et fait partie des grandes pièces lyriques de la musique baroque. Il a également composé des semiopéras (masks, un genre musical lyrique baroque spécifiquement anglais, mélangeant dialogues parlés et musique) : King Arthur, The Fairy Queen…, des anthems (un type de motet propre à la musique religieuse anglaise), des odes (Ode à Sainte Cécile…), des cantates et des élégies (Musique pour les funérailles de la reine Mary…), ainsi que de nombreuses pièces instrumentales, par exemple pour le clavecin et l’orgue. Il a eu une grande influence sur les compositeurs de ce que l’on a appelé la « renaissance de la musique anglaise » du début du XX° siècle ; cela est notamment manifeste chez Benjamin Britten.

Music for the funerals of queen Mary (1695)

Purcell servit la reine Mary (Mary II Stuart) et son époux co-régnant Guillaume III en tant que compositeur attitré. Ses compositions pour la reine embrassent la totalité du règne de la souveraine : entre 1689 et 1695, il composa six Odes pour son anniversaire (le 30 avril de chaque année) et la musique pour son couronnement (le 11 avril 1689). Lorsqu’elle mourut prématurément, il fut chargé de composer la musique de ses funérailles (le 5 mars 1695). Cette œuvre poignante, dans la pure tradition anglaise, d’une grande profondeur et propre à la méditation, compte six mouvements :

  • Marche instrumentale
  • Anthem Man that il born of a woman (Job 14, 1.2)
  • Canzona
  • Anthem In the midst of life (antiphon latin In mediā vitā morte sumus)
  • Canzona
  • Élégie Thou knowest
  • Lord

On peut noter que, lors de ces funérailles, la procession de trois cents femmes âgées habillées en noir pour symboliser la charité de la reine fut rythmée par trente tambours militaires, qui jouaient probablement l’Old English March, un morceau très ancien prescrit par l’ordre royal, et que, neuf mois plus tard, ce fut avec cette même oeuvre que le compositeur, mort à trente-six ans, fut enterré à l’Abbaye de Westminster.